58% des condamnés récidivent dans les 2 ans qui suivent leur libération
Europe du Nord & de l'Ouest > statistique, drogue, meurtre, viol, délinquance
Article posté par Stéphane Bourgoin le Mardi 27 décembre 2005
" Le taux de récidive des auteurs de délits et de crimes ne cesse de s'accroître en Grande-Bretagne. Selon des statistiques discrètement rendues publiques sur le site Internet du ministère de l'intérieur, et qui portent sur la période 2002-2004, 58,5 % des condamnés adultes ont récidivé dans les deux années ayant suivi soit leur libération de prison, soit leur condamnation à un travail communautaire, soit, s'agissant des malades et des drogués, le début de leur traitement médical ou de leur cure de désintoxication. Lors du retour au pouvoir des travaillistes, en 1997, ce taux était de 53,1 %.
Les chiffres varient beaucoup d'une catégorie de condamnés à une autre. 89 % des toxicomanes récidivent, contre 31 % des condamnés pour conduite en état d'ivresse. Un auteur de violences sexuelles sur deux devient un récidiviste. 78 % des auteurs de vols ou de cambriolages en tous genres récidivent. Les plus jeunes condamnés sont les plus exposés à la récidive, celle-ci diminuant régulièrement à mesure que l'âge augmente.
Le taux varie selon les types de condamnations subies. Il est légèrement plus important pour les détenus ordinaires que pour les délinquants soumis à un travail communautaire ou à un traitement médical non lié à la drogue.
SANGLANT FAIT-DIVERS
Le ministère de l'intérieur rappelle que ces mauvaises nouvelles n'empêchent pas les chiffres globaux de la criminalité de continuer à baisser depuis quelques années. Ces statistiques sont néanmoins un constat d'échec de la politique gouvernementale visant à rompre le lien de cause à effet entre la dépendance envers les stupéfiants et la délinquance. L'Etat investit chaque année quelque 78 millions d'euros dans ses programmes de réhabilitation et de mise à l'épreuve des délinquants et des criminels drogués.
Selon les milieux judiciaires, l'aggravation de la récidive est due à deux facteurs : la surpopulation des prisons, qui complique le travail de "suivi" personnalisé ; l'agressivité accrue des prisonniers, liée en partie à leur dépendance à l'égard de la drogue.
Un sanglant fait-divers a récemment attiré l'attention sur la récidive et la libération anticipée. Un financier de la City, John Monckton, a été assassiné à son domicile londonien par un ancien condamné, trois mois après la libération sur parole de ce dernier. Le criminel, Damien Hanson, 24 ans, avait passé sept ans en prison, sur les douze auxquels il avait été condamné.
L'enquête a mis en évidence une série d'erreurs des autorités pénitentiaires et judiciaires. Le détenu avait été libéré alors que le risque de récidive le concernant avait été évalué à 91 %. Ce criminel, déjà condamné quatre fois avant l'âge de 16 ans, avait en outre bénéficié du régime de surveillance le moins contraignant.
Cette affaire a également mis au jour les dysfonctionnements des services de mise à l'épreuve depuis leur privatisation. Le ministère de l'intérieur a admis récemment avoir perdu de vue, dans sa banque de données, 20 meurtriers et violeurs, anciens condamnés à perpétuité libérés entre 1992 et 1997. Il n'a retrouvé leur trace qu'après une enquête approfondie. "
Un article de Jean-Pierre Langellier.
Source : LE MONDE (27 décembre 2005
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